Le sang, nouvel or rouge de la médecine régénérative ?
La médecine régénérative a peut-être trouvé le filon nécessaire pour qu’elle soit enfin complète et viable sur le long terme. Un filon d’or rouge qui pourrait révolutionner la médecine de demain. Pour ceux qui se demandent ce que sont la médecine régénérative et « l’or rouge », j’en viens dans la suite de l’article.
La médecine du futur
Grâce à l’avancée des connaissances et des techniques d’ingénierie biologique, il est possible aujourd’hui de régénérer, réparer ou remplacer un organe. La médecine régénérative est la branche de la médecine qui utilise ces techniques pour restaurer des organes endommagés et favoriser la guérison du corps. Tout le potentiel de cette technique est basé sur le pouvoir des cellules souches. Des cellules qui ne se sont pas encore différenciées pour devenir des cellules spécialisées du sang, du foie, des reins ou d’un autre organe. Les cellules souches peuvent se diviser et produire des copies identiques d’elles-mêmes indéfiniment.
Les scientifiques ont longtemps travaillé à décrypter le comportement cellulaire et les dessous de cette différenciation; dans le but de programmer une cellule souche pour une spécialisation choisie. De même, des cellules adultes peuvent être reprogrammées génétiquement et induites à devenir des cellules cardiaques pour réparer un cœur malade par exemple. Elles sont essentielles pour la régénération tissulaire et ont un immense potentiel thérapeutique.
Jusqu’ici les scientifiques ont majoritairement exploité quatre sources de cellules souches, issues d’embryons : les tissus embryonnaires, les tissus fœtaux, les tissus adipeux (graisses) et les cellules somatiques différenciées, appelées cellules souches pluripotentes induites (iPSC). Vous conviendrez avec moi, qu’utiliser des embryons à des fins scientifiques est assez gore quand même, non ?! Pour des raisons éthiques, l’approvisionnement en cellules souches n’était pas chose évidente jusqu’ici.
La ruée vers l’or
Ces dernières années, des études ont mis en évidence la présence de cellules souches dans le sang menstruel. Une découverte qui a ravivé l’engouement du côté de la recherche régénérative. Tout d’abord, cette nouvelle source est facile d’accès, abondante et pratique pour la collecte ; contrairement aux autres qui nécessitent des procédures invasives, douloureuses et une conservation à long terme, le sang menstruel par contre est renouvelé tous les mois. Et ce ne sont pas les donneuses qui manquent.
De plus, les cellules souches dérivées du sang menstruel ont montré la capacité de se différencier en une grande variété de types cellulaires. Cela les rend idéales pour la régénération de tissus divers et la thérapie génique. Il a également été démontré que les cellules souches menstruelles sont moins susceptibles de provoquer des réactions immunitaires indésirables lorsqu’elles sont transplantées dans un patient. Cette compatibilité réduit les risques de rejet de tissus et de complications médicales.
Des chercheurs ont montré que ces cellules pourraient être utilisées pour traiter des maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques. En 2022, des cellules souches menstruelles ont été utilisées avec succès pour traiter le diabète de type 1 chez des souris. La transplantation de ces cellules a amélioré la morphologie et la fonction des tissus endommagés (foie, rein, rate, pancréas) par la streptozotocine*.
Le salut de la santé publique ?
Si les recherches sur les cellules souches menstruelles aboutissent, cela pourrait avoir un impact manifeste sur la santé publique. Elles pourraient être utilisées pour développer des traitements personnalisés, adaptés aux besoins de chaque personne. Les risques liés à la transplantation pourraient être réduits grâce à la compatibilité parfaites des organes. Des femmes pourraient utiliser leurs propres cellules souches menstruelles pour guérir du cancer ou de l’infertilité. Des maladies qui n’ont pas encore de traitement efficace pourraient finalement trouver une solution grâce à cette source unique et « intarissable » de cellules souches.
Le sang menstruel pourrait à juste titre être qualifié d’or rouge pour la médecine régénérative. Avec des avantages tels que l’abondance, la polyvalence et la compatibilité génétique, les cellules souches menstruelles offrent un potentiel considérable pour le traitement du cancer, des maladies cardiaques, neurodégénératives et bien d’autres encore. Si les recherches progressent comme prévu, nous pourrions assister à une révolution médicale qui améliorera considérablement la santé publique et la qualité de vie.
Une utopie qui pourrait rencontrer son plafond de verre dans le mysticisme lié à certains peuples, certaines croyances ou religions. En Afrique par exemple, on accorde beaucoup de pouvoirs mystiques au sang des règles. Certaines femmes vont jusqu’à laver leurs serviettes hygiéniques usagées avant de les jeter à la poubelle. Le sang contenu dans ces dernières pourrait être utilisé pour des pratiques occultes. Dans la religion musulmane, la femme est considérée comme impure lorsqu’elle a ses règles. Alors, comment pourrait-on demander à ces dernières de faire des dons, ou de considérer un traitement fait à base de sang menstruel ?
Et si on vous le demandait, pourriez-vous faire un don de règles au bénéfice de la recherche scientifique ?
*streptozotocine : substance chimique utilisée pour induire un modèle de diabète chez les animaux de laboratoire.
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