Le vaccin du paludisme bientôt disponible au Cameroun et dans onze autres pays africains

Article : Le vaccin du paludisme bientôt disponible au Cameroun et dans onze autres pays africains
Crédit: Jean-Raphaël Guillaumin de Lausanne, Suisse / Wikicommons
1 septembre 2023

Le vaccin du paludisme bientôt disponible au Cameroun et dans onze autres pays africains

Le paludisme, fléau de l’Afrique subsaharienne depuis des décennies, pourrait bientôt disparaître grâce à l’émergence imminente d’un vaccin tant attendu. Une lueur d’espoir se dessine alors que la recherche contre le paludisme se fait plus intense que jamais, rivalisant même avec des thématiques de recherche mieux financées, telles que le cancer.

L’omniprésence du paludisme en Afrique : un défi permanent

Le paludisme, également connu sous le nom de malaria (anglicisme), est un problème de santé publique majeur en Afrique, touchant des millions de vies chaque année. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2020, la mortalité infantile représentait 77% de la mortalité globale due au paludisme (896 000 décès) en Afrique subsaharienne. Le Cameroun, comme de nombreux autres pays du continent, subit le fardeau de cette maladie parasitaire. En 2022, plus de 3 millions de cas de paludisme ont été enregistrés au Cameroun, selon le Programme national de lutte contre le paludisme du Cameroun (PNLP). Avec des taux aussi élevés de transmission du parasite responsable – le Plasmodium – le paludisme reste une maladie fortement endémique au Cameroun.

Paludisme – fréquence statistique / Percherie, WikiCommons

Un investissement financier colossal

Bien que la recherche sur le paludisme ait longtemps été sous-financée par rapport à d’autres domaines de la recherche médicale, ces dernières années ont vu un investissement considérable dans la quête d’un vaccin efficace. Les fonds alloués à la recherche sur le paludisme se chiffrent désormais en milliards de dollars, rivalisant avec les budgets attribués à la recherche sur le cancer. En 2022, le Fonds Mondial a investi plus de 16,4 milliards de dollars US dans des programmes de riposte contre le paludisme. Des centres de recherche renommés en Afrique, tels que le Centre Pasteur du Cameroun, lIfakara Health Institute en Tanzanie ou encore l’Association panafricaine de lutte contre les moustiques (PAMCA) mènent un large éventail de recherches liées au paludisme, pour faire avancer cette cause vitale. Des partenariats internationaux sont également entretenus pour accélérer le développement de vaccins potentiels.

Des essais cliniques prometteurs, mais non aboutis

Plusieurs vaccins prometteurs ont été testés dans des essais cliniques, mais jusqu’à présent, aucun n’avait réussi à fournir une protection suffisamment constante et robuste contre le paludisme. Parmi les exemples notables, le vaccin R21 en cours d’essai (Phase 3) a déjà montré des niveaux d’efficacité de 77%, mais ce niveau de protection doit être maintenu après une dose de rappel unique, administrée après un an. Des prototypes de vaccins contre le paludisme existent et ont été soumis à des essais dans plusieurs pays africains en raison de la prévalence de la maladie sur le continent, mais les résultats souvent mitigés obligent à pousser les recherches. Néanmoins, ces études ont permis de comprendre la nécessité d’une approche qui soit adaptée aux conditions locales et qui prenne en compte la diversité génétique des souches de Plasmodium.

En 2019, après 30 ans d’études cliniques, un vaccin sort des laboratoires GlaxoSmithKline (GSK). Il est couramment dénommé RTS,S/AS01 (MosquirixTM) et c’est le tout premier vaccin contre le paludisme à être recommandé par l’OMS.

Vaccin / Tim Reckmann de Hamm, Allemagne, WikiCommons

Il a d’abord été testé dans des régions pilotes au Ghana, Kenya et au Malawi. Le RTS,S/AS01 a permis d’éviter un nombre important de cas de paludisme clinique sur une période de 3 à 4 ans chez les jeunes nourrissons et les enfants (moins de 5 ans). De plus, l’efficacité de ce vaccin a été testée suivant différents schémas thérapeutiques : une dose par an ou des doses fractionnées échelonné sur un an. Les résultats ont montré que tous ces schémas conféraient une protection substantielle et similaire contre le paludisme clinique.

Ces premiers résultats ont encouragé la distribution du vaccin RTS,S/AS01 dans 9 autres pays africains : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République Démocratique du Congo, Liberia, Niger, Sierra Léone et Ouganda. Au total, douze pays ont été sélectionnés par l’OMS pour recevoir 18 millions de doses de ce vaccin expérimental sur une période de deux ans (de fin 2023 à 2025). Cette sélection s’est faite sur la base d’une priorité aux zones les plus nécessiteuses, où le risque de paludisme et de décès chez les enfants est le plus élevé.

Toutefois, malgré tout son potentiel, le vaccin RTS,S/AS01 ne se substitue pas aux mesures de lutte efficace contre le paludisme. Il doit être utilisé en combinaison avec elles, surtout dans les zones de forte transmission. La nécessité de prendre plusieurs doses échelonnées dans le temps reste une problématique à soulever lorsque la quantité de doses disponibles fait encore débat. Des études plus poussées sont en cours pour améliorer le rendement et le coût de ce vaccin.

Les répercussions d’un vaccin efficace

L’émergence d’un vaccin efficace contre le paludisme aurait un impact profond et multiple. Sur le plan de la santé publique, on s’attend à observer une réduction du fardeau de la maladie, en sauvant des vies et en améliorant la qualité de vie des populations les plus touchées par le paludisme – les enfants de moins de 5 ans. En effet, cette réduction de la prévalence du paludisme entraînerait une réduction magistrale des coûts de soins de santé associés à la maladie.

Mais, l’impact ne serait pas seulement limité à la sphère de la santé. Le « business du paludisme » – qui englobe la vente d’insecticides et de moustiquaires, les traitements antipaludéens, les financements de la recherche scientifique – subirait inévitablement des transformations sur le plan économique. La baisse de la demande de ces produits pourrait pousser les industries à revoir leurs modèles économiques, et les centres de recherches dédiés au paludisme à mettre la clé sous le paillasson, transformant ainsi les perspectives des populations africaines, de la recherche scientifique africaine et du monde entier.

En conclusion, la recherche sur le paludisme a gagné en momentum et en financement, les essais cliniques progressent lentement drainant leurs lots d’espoirs et d’inquiétudes. En attendant, le vaccin 100% efficace contre le paludisme, prenons soin de toujours adopter les mesures préventives contre le paludisme, pour protéger nos enfants, notre avenir. Voici quelques recommandations pour vous éviter d’être infecté : dormir dans des chambres climatisées (18°C) ou sous moustiquaire imprégnées, éviter de se promener à la tombée de la nuit, utiliser des répulsifs cutanés et porter des vêtements longs le soir et la nuit, imprégnés de répulsif.


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